Mon très cher papounet,
Quelle joie de pouvoir t’écrire cette lettre pour te faire part de mon avancée, de mes découvertes et du bien-être que je ressens. Je suis à la table de ma cuisine avec un thé, le soleil réchauffe mon dos, un sourire sur mes lèvres.
Je n’ai pas été très loquace depuis quelque temps, tant de rencontres, d’évènements, de difficultés à traverser j’ai eu. Il y a peu je me suis installée dans une maison, celle que j’ai pu acquérir, tu sais celle non loin de la lisière de la forêt, celle que je regardais sans cesse de ma fenêtre. Oui, celle-ci ! La famille Ours est partie plus loin dans la forêt. J’ai pu m’y installer. Imagine ma surprise quand j’ai découvert que rien n’était à ma taille dans la maison !
Je pensais trouver autour de moi de l’aide et des conseils à ma mesure pour habiter ma maison car le lit était trop petit, les chaises étaient trop hautes, les vêtements trop serrés, le linge trop rêche, les couverts trop lourds, la vaisselle trop fragile et encore tant de choses que je n’arrivais plus à dormir, épuisée de chercher comment améliorer mon environnement jour et nuit. J’étais irritée, irritable, rien ne me satisfaisait. Les avis et conseils prodigués par des gens bien intentionnés ont eu raison de ma santé. J’ai été étouffée dans une avalanche d’objets en tout genre censés améliorer ma vie, passant de la pomme miracle qui à la fois apaise, stimule, aide à la concentration, rassasie mais qui m’a rendue malade, à la chaise rétractable, adaptable, indispensable dans laquelle j’ai été coincée, à la robe qui change de couleur selon l’heure du jour qui s’est retrouvée en lambeaux sur moi après une averse. J’ai cherché, écouté tant de personnes que je me suis perdue, ne sachant plus ce que je voulais moi, ce qu’il me fallait, ce que je ressentais, le corps meurtri.
Et puis il y a eu ce jour là, ce matin où après un hiver glacial un rayon de soleil entra par la fenêtre me donna envie d’ouvrir la porte de la maison, de m’asseoir sur le petit banc de pierre devant pour laisser ma peau boire la chaleur du soleil et s'enivrer de douceur.
Une femme est arrivée devant moi, m’a dit savoir ce dont j’avais besoin et m’a mesurée sous toutes les coutures. Figure toi que j’ai bien ri et même un peu moqueuse car comment une personne qui m’était totalement inconnue pouvait savoir quoi faire, mais je me suis prêtée au jeu, elle était douce, attentionnée et à l’écoute ce qui me faisait déjà du bien. Puis elle est partie sans rien dire.
Un matin, devant ma porte était posé un paquet entouré d’un mètre ruban dans lequel j’ai trouvé une tenue parfaitement à ma taille cousue dans un tissu doux. Un mot dans une enveloppe disait “L’important est d’abord de trouver vêtement à sa taille et chaussure à son pied car comme on fait son lit on se couche”. Depuis ce jour, je mesure et je construis tout à ma taille et mes visiteurs s’adaptent à moi.
Tu vois mon Papounet, j’ai réussi à être en harmonie avec mon corps et à m’apaiser.
Ta Boucle d’or.